Depuis bientôt trois ans, nous travaillons sur un projet de documentaire cinéma portant sur le pouvoir et l’argent : Ceux qui tiennent la laisse.
Après le succès du documentaire Les nouveaux chiens de garde, sorti en salles de cinéma 2012, il fallait pour approfondir l’analyse prendre le problème par l’autre bout du fil.
Et l’avidité de Ceux qui tiennent la laisse ne connaît plus aucune limite. Le capital est attiré aujourd’hui par un nouvel eldorado, le secteur de la e-santé, autrement dit la santé numérisée : télémédecine, santé mobile, stockage des données de santé, biocapteurs, consultations en ligne, etc. Alors que les soignants ont démontré durant des mois la place essentielle du service public de la santé pour faire face à la pandémie du Covid-19, le capital a sonné sa fin. La technologie à la place de l’être humain, les profits augmentés, il n’est plus question de lâcher un tel trésor et charge à Macron et à son gouvernement de terminer le dépeçage de ce service public.
La période que nous venons de vivre et dans laquelle nous nous trouvons encore, témoigne plus que jamais de la nécessité de réaliser un documentaire sur les mécanismes permettant à ceux qui font main basse sur le moindre kopeck de tenir en laisse la démocratie économique, sociale et politique. Milliardaires, grands patrons, élites politiques, hauts-fonctionnaire, chiens de garde médiatiques travaillent de concert à maintenir l’ordre économique et politique actuel, autrement dit le menaçant désordre social et environnemental dans lequel nos sociétés sont plongées. Plus Ceux qui tiennent la laisse captent le pouvoir, engrangent les plus-values, propagent le chaos, plus la majorité d’entre nous nous se voit traitée par cette minorité de « radicaux », de « complotistes », de « populistes ».
Le capitalisme n’a pas besoin de fraudes fiscales, d’organisations secrètes et occultes, de tricheries, de virus meurtriers pour prospérer. Bien sur, il peut tordre de temps à autre le cadre légal, mais ce n’est pas le quotidien de ses activités. Bernard Arnault, Xavier Niel ou Gérard Mulliez sont au top des milliardaires français dans la plus grande transparence démocratique… C’est par le vote, la loi, les décrets, le cadre légal et officiel qu’ils amassent des fortunes considérables. C’est lors d’élections officielles que le hold-up se réalise. C’est par des gouvernements que nous avons crédité que l’opération se réalise tranquillement.
N’attendez donc pas alors des révélations sulfureuses, l’alignement de faits-divers, de scandales dans Ceux qui tiennent la laisse. C’est justement de la transparence démocratique et opaque à la fois dont nous allons parler. C’est l’écran de fumée officiel que nous allons percez. Et n’ayez crainte, vous ne vous ennuierais pas. La façon dont Ceux qui tiennent la laisse gère la démocratie, dont il nous la impose est source d’investigation passionnante et stimulante. Et peut nous éclairer sur la manière de s’organiser pour mettre à mal leur « ordre démocratique » pour imposer le notre, celui de la majorité.
Pour que notre film atteigne un public plus large, nous avons bâti un scénario qui prendra la forme d’une investigation policière, une sorte de polar, mais dont le héros ne sera ni un policier, ni un détective. Nous avons confié notre enquête à une sociologue, entourée de ses étudiants, tous chargés de mettre en évidence la réalité cachée, de percer l’écran de fumée. Des saynètes fictionnelles « chapitreront » ainsi notre film, permettant ainsi de dérouler la narration, épisode par épisode. Le rôle de notre sociologue de choc sera interprété par la comédienne Corinne Masiero, actuelle « héros » de la série Capitaine Marleau diffusée sur France 3. Un autre comédien, Jacques Bonnaffé, interprétant le rôle d’un des papes de la sociologie Max Weber, lui donnera la réplique.
Au-delà du tableau descriptif des élites – à l’encadrement plaqué or – que nous allons brosser, nous ne nous priverons pas de parler des contrecoups, d’évoquer la violence des coûts sociaux et humains que quelques-uns ont imposé à tous. Plus les services publics sont pillés, plus les fortunes explosent, plus les dégâts sociaux minent le cadre social, avec son lot de chômage, de précarité, de pauvreté, de violences, de suicides. Nous n’oublierons pas d’évoquer les larmes et le sang qu’un tel système fait couler.
L’heure est donc propice à finaliser et sortir au cinéma notre documentaire. La période électorale de la Présidentielle 2022 est une occasion idéale pour observer comment Ceux qui tiennent la laisse réalisent le hold-up de la démocratie.
2022 s’est achevée en apothéose grâce à un coup de pouce financier fièrement arraché avec les dents.
Derrière cette aide, vous ne trouverez aucun oligarque ou mécène, mais simplement un établissement public (si si, ça existe encore !) : Le Centre National du Cinéma dont nous pouvons facilement tracer les sources de financement.
Cet organisme nous ayant accordé une avance sur recette, nous pouvons boucler le budget de notre film.
Celui-ci sera donc tourné cette année et sortira normalement en 2024 ! 🥳✊
Le monde du cinéma, contrairement à celui de la télévision, laisse vivre divers films ou documentaires très acides sur le système dans lequel nous vivons. D’autres empruntent des voies très créatives et bénéficient d’un soutien « art et essai ».
Mais cette liberté est quand même très bien encadrée. Nombre de producteurs appartiennent à une classe dominante, voir à la caste des milliardaires (Jérôme Seydoux, Marc Ladreit de Lacharrière) et surveillent alors leur « générosité ». Le système français bénéficie d’aides publiques, donc très contrôlées politiquement... Les « participations financières institutionnelles », distribuées par le CNC ou par les fonds régionaux, évitent soigneusement certains documentaristes. Pierre Carles, François Ruffin ou moi-même ont vu par exemple leurs films systématiquement retoqués des aides du CNC (Pas-vu, pas-pris, Merci Patron !, Les nouveaux chiens de gardes).
Reste donc vous. Ceux qui tiennent la laisse ont beaucoup d’argent, mais ils sont une minorité. Vous n’en avez pas beaucoup (d’argent), mais vous êtes nombreux, très nombreux. Si vous devenez donc co-producteurs d’un film, alors il sortira en salles de cinéma. La CGT ou le Parti communiste dans les années 30 l’avaient bien compris en aidant par exemple Jean Renoir à sortir La Marseillaise ou La vie est à nous.
Notre dernière vidéo, « La E-santé, le nouvel eldorado du capital », est un « teaser » démonstratif du futur chemin narratif du film : une saynète fictionnelle (avec notre sociologue Petra Dorfgott / Corinne Masiero et ses étudiants), suivie d’une séquence documentaire avec des interviewes, des pépites archivistiques, de l’infographie. Nous retrouverons une dizaine de ces constructions dans Ceux qui tiennent la laisse.
Pour y arriver, il faut donc que vous nous souteniez financièrement.
Réalisateur d’une dizaine de documentaires à la télévision (Arte et France 5) dont Le Chômage a une histoire ; Moulinex, la mécanique du pire ; EDF, les apprentis sorciers ; Fortunes et infortunes des familles du Nord ou Salariés sans frontière, Gilles Balbastre n’a eu de cesse de dénoncer les dégâts sociaux, économiques et politiques qu’ont occasionnés trente années de dérégulation ultra-libérale orchestrées par des gouvernements de droite ou socialistes.
Très critique à l’égard de médias supporters de la dérégulation (car majoritairement possédés par une poignée de milliardaires), notamment au travers des documentaires Les nouveaux chiens de garde ou encore Cas d’école, Gilles Balbastre a été alors blacklisté de la télévision.
Il faut peut-être aller chercher dans les détails de son CV pour trouver des raisons de ce blacklistage : directeur de publication du journal sardonique Le Plan B, créateur de la plate-forme internet Nada-Info et de ses Épandages médiatiques.
Mais la critique radicale des médias a rencontré d’autres forces révoltées contre cet ordre idéologique. Des syndicats combatifs ont été amenés à contourner l’omerta médiatique et à financer une série de ses derniers films sur la défense des services publics : « Vérités et mensonges sur la SNCF », « Transport de marchandises : changeons d’ère », « Main basse sur l’énergie » et « Gaz et flouze à tous les étages ».
De nombreuses collaborations avec Le Monde Diplomatique lui permettent de prendre régulièrement le pouls d’un monde salarial atomisé et en grande partie en souffrance.... Pendant que Ceux qui tiennent la laisse prospèrent !
Gilles Balbastre peut aujourd’hui compter sur une équipe de professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, de juristes et de comptables pour lancer son nouveau documentaire, Ceux qui tiennent laisse. Il peut s’appuyer sur ses complices – les sociologues François Denord, Paul Lagneau-Ymonet, l’économiste Laurent Cordonnier, les comédien·e·s Corinne Masiero et Jacques Bonnaffé ainsi que le musicien Laurent Dehors – pour faire de ce film une arme et un outil à destination de tous ceux qui dénoncent et combattent la nouvelle noblesse au pouvoir.